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Prédication du 25 avril 2021 au temple d'Alès par C. Desplanque

Actes 4,8-14. lecture préalable 1 Jean 3,1-2 .  25 avril 2021. Temple d’Alès

Le Salut ne se trouve en aucun autre qu’en Jésus-Christ ! Voilà la déclaration de Pierre aux autorités religieuses de Jérusalem, qui viennent de lui demander ainsi qu’à Jean par quel pouvoir, par quelle puissance ils ont pu guérir un infirme, qui mendiait à la porte du temple. Ainsi, la guérison de cet homme est devenu un signe confirmant qu’en Jésus resssuscité, par son nom, c’est à dire, en lui, en sa personne, Dieu vient relever et délivrer tous les êtres humains.Sous le ciel, sur le terre, il n’y a aucun autre nom, personne d’autre qui puisse sauver. Est-ce que nous oserions encore dire la même chose dans notre monde globalisé, avec une telle diversité religieuse, un tel foisonnement de croyances et de spiritualités les plus diverses, sans passer pour des naïfs ou des ignorants au mieux, et au pire pour des arrogants ? Que penserait un juif, un musulman, un hindou, un bouddhiste, un animiste, un shintoïste d’un tel discours revendiquant le caractère unique du Salut en Jésus-Christ ?

Cette vision exclusive : « en dehors de Jésus, pas de Salut », peut se voir accuser de bien des méfaits. N’a-t’elle pas conduit au cours de l’histoire à l’intolérance, à la destruction des cultures non-chrétiennes ? Cette prétention religieuse n’est-elle pas porteuse de violence et de mort, quel que soit le nom invoqué, celui de Jésus par les croisés, ou celui de Mahomet par les djihadistes ? Une telle prétention ne passe plus dans un monde marqué par la fin des grands systèmes de pensée, la méfiance vis à vis des idéologies, le relativisme, et la dissolution de l’idée même qu’il puisse y avoir une Vérité avec un grand « V ».

Alors il faut bien tenter de répondre, et d’expliquer, de comprendre cette assurance de Pierre, qui, comme Luc, auteur des Actes, le précise bien, déclare ces choses sous l’influence de l’Esprit-Saint. Notons-le, cette assurance est d’autant plus étrange qu’il se trouve, lui, simple pêcheur de Galilée, devant un parterre de théologiens, de spécialistes beaucoup plus compétent que lui en matière religieuse.

Pierre a d’abord l’assurance tranquille d’un témoin. Il n’est pas là pour discuter philosophie ou pour une joute d’idées, mais pour rendre compte de ce qu’il a vu dans sa vie. Il a vu la puissance de Dieu à l’oeuvre dans la personne même du crucifié, et en invoquant le nom de Jésus de Nazareth, le crucifié, pour relever un paralytique. Notons déjà cela. Comme le disait un philosophe réaliste, la preuve du pudding, c’est qu’on le mange. Pierre ne part pas d’arguments philosophiques sophistiqués, il en était d’ailleurs incapable. Il part de son expérience de témoin. Et devant ce témoignage, devant l’homme guéri de sa paralysie, les adversaires de Pierre ne trouvent rien à répondre. On peut contester mes affirmations de foi chrétienne, on ne pourra jamais me contester si je dis simplement : j’étais triste, et Jésus m’a consolé. J’étais découragé, et le Seigneur m’a relevé.

Notons ensuite qu’il est question dans ce discours de Pierre d’être sauvé. Qu’est-ce que cela veut dire, je suis sauvé ? Cela veut dire que j’échappe à un danger, un péril peut-être mortel. Sauver une vie, c’est empêcher qu’elle soit perdue. Voilà la nouvelle que les apôtres, témoins de la résurrection de Jésus-Christ, ont proclamée et propagée : Jésus est vivant, et par lui Dieu nous a délivrés nous aussi de la mort et du mal. Désormais, nous sommes réconciliés avec lui, unis à Dieu qui nous dit : « tu es mon enfant », comme y insiste l’apôtre Jean dans le passage lu tout à l’heure. Car si Dieu est source de notre vie, le péril dont nous sommes sauvés c’est d’être séparés de lui. Notre humanité meurt, n’en finit pas de mourir de s’être coupée de Dieu. Et cette rupture, comme le montre le drame du jardin d’Eden, provoque d’autres ruptures, sociales, entre l’homme et la femme, qui ont honte l’un devant l’autre, entre l’homme et son environnement déréglé, entre l’homme et son travail qui devient occasion de peine et de fatigue, entre l’homme et son propre corps, qui s’use et meurt. Et finalement tout effort religieux en ce monde, et c’est ce qui fait sa noblesse, qu’il nous vienne d’Asie, d’Afrique ou d’Amérique, traduit cette quête de Dieu ou de l’ultime, ce désir qu’ont les humains créés à l’image de Dieu de trouver le sens et la source de leur vie ailleurs qu’en eux-mêmes.

La bonne nouvelle, l’Evangile, c’est qu’en Christ Dieu a définitivement rétabli la relation. C’est fait, c’est donné. Gratuitement et une fois pour toutes. Ce chemin qui nous relie à Dieu, ce n’est pas à nous à le trouver et encore moins à le tracer, c’est Dieu qui est venu jusqu’à nous. Ce chemin, cette vérité, cette vie, ce n’est pas la religion chrétienne, encore moins telle ou telle de ses expressions, catholique, orthodoxe, réformée ou évangélique ! Ce chemin, c’est Jésus-Christ. Car il déclare : JE SUIS la vérité, le chemin et la vie.

Voilà déjà une indication précieuse sur la vérité. La vérité est un NOM. Elle est quelqu’un, pas quelque chose que nous pourrions saisir ou posséder en une belle formule. Nous ne pouvons pas saisir la Vérité car c’est le Christ qui nous saisit. La foi chrétienne, ce n’est pas d’abord l’adhésion à une morale, ou à un système de croyances religieuses et de rites, ou encore à une philosophie, même si elle peut et doit entraîner une façon de penser ou de vivre, bien sûr. La foi chrétienne c’est tout simplement recevoir cette bonne nouvelle. Quelqu’un m’a sauvé, quelqu’un m’a rencontré.
Le Christ est unique parce que le Christ est le Nom, c’est à dire notre vis-à-vis, notre frère. Ce n’est pas une doctrine abstraite, ce n’est pas une loi, une morale ou une ascèse, un maître qui promettrait la délivrance à celui qui suivra son chemin initiatique. Personne n’a jamais vu Dieu, qui reste inconnaissable, inaccessible, même à ceux qu’il envoie. Dans la Bible le nom c’est la personne elle-même. Et c’est pourquoi Dieu refuse de donner son nom à ceux qui le lui demandent. A Moïse, il déclare simplement : je suis qui je suis, c’est à dire, qui je suis, tu ne peux le connaître. Dieu ne se donne à connaître ultimement que dans le nom de Jésus le Christ.

Car le Christ est aussi un don. Le don de Dieu. Comme s’exclame Jean l’apôtre : « voyez de quel amour le Père nous a aimés, pour que, par le Christ, nous soyons appelés ses enfants. Un commentateur du NT a écrit avec justesse : L’Evangile est une bonne nouvelle, pas un bon conseil. Ce n’est pas quelque chose que nous faisons mais qui a été fait pour nous, et à quoi il nous faut répondre.

Le Salut, la délivrance, la rédemption, appelons-le comme on voudra, et c’est ce qui fait la force de l’Evangile, le voilà donc accompli. Chacun, chacune d’entre nous, devant la croix de Jésus-Christ, peut dire : je suis sauvé. C’est fait. Ce salut ne dépend pas de mes capacités morales, de mes performances religieuses ou spirituelles. Seul le Diable essaie de me convaincre du contraire, en me susurrant : « tu n’y arriveras pas ». Car il ne s’agit d’arriver à mettre en œuvre la Bonne nouvelle de Jésus-Christ, il n’y a plus qu’à l’annoncer, à le manifester, en paroles et en actes.
Voilà, me semble-t-il, pourquoi nous pouvons encore, dans notre époque où il est de bon ton d’être « inclusif », recevoir cette affirmation « exclusive » de l’apôtre Pierre : il n’y a pas d’autre nom qui ait été donné aux hommes pour les sauver. Oh, beaucoup de choses leur sont proposées en réponse à leur quête de Salut, leur quête de sens, leur quête de paix et de délivrance :des philosophies, des morales, des codes, des prescriptions et des identités, religieuses, des idéologies prometteuses de lendemains qui chantent (mais qui souvent déchantent).

Mais c’est dans le seul Nom du Christ que nous sommes sauvés. Même si ce Nom a été confisqué au profit d’un pouvoir humain, trahi bien souvent, par ceux-là même qui s’en sont réclamés au cours de l’histoire chrétienne.

AMEN