Reconstruction de temples au XIX°(consistoire d'Alès)
La reconstitution du patrimoine cultuel
dans le Consistoire d'Alès au XIX° et XX° siècle
Au moment de la reconnaissance de l'existence légale des protestants (Edit de Tolérance de 1747) iln'existe plus aucun bâtiment de culte protestant dans la circonscription d'Alès. Le temple d'Alès, par exemple, a été démoli en 1686 et, sur
son emplacement, rue Peyrolerie, a été construite en 1705 une chapelle pour lesPénitents blancs
A Alès la première préoccupation des "non-catholiques" fut donc d'acheter le14 Décembre 1792 cette chapelle des Pénitents blancs, devenue bien national, d'une contenance de 1000 à 1400 personnes au plus, pour la somme de 7090 livres, 3 sols et 4 deniers (cf : honoraires annuels du pasteur Roche en 1782 : 1200 livres) et d'en
faire le 2° temple d'Alès
Dans les communes alentour au moment du Concordat (cf : inventaire de1803 lors de la formation officielle du Consistoire d'Alès) il n'est reconnu comme édifice religieux aux protestants, pour les 21 communes formant le consistoire d'Alès,que l'église de Lamelouze (qui ne semble pas avoir été très utilisée) en plus du temple d'Alès
Le régime du Concordat ( à partir de 1802 ) va favoriser la reconstruction des temples durant tout le 19ème siècle, avec, en général, l'aide des pouvoirs publics qui. souvent en garderont la propriété, et principalement dans la période 1840 -1870
1 - La Première vague de construction/reconstruction
1 - Temple de Blannaves (Branoux)
Il est construit en 1812 sans aide du gouvernement pour une population presque exclusivement protestante ( recensement de 1813 : 612 protestants sur 717habitants).Il sera agrandi en 1831. Puis, le couvert s'étant en partie écroulé en 1832, il est réparé avec un secours de 600 fr de l'Etat. D'autres réparations auront lieu en 1861 (1600,30 fr dont 2/3 au frais de la commune et 1/3 aux frais de l'état ). En 1878 le Conseil presbytéral en appellera au gouvernement pour des réparations àfaire. L'avis favorable sera donné en 1881 et un secours de 800fr accordé en 1882. Ilest encore actuellement en service.
A noter pour une équivalence qu'un pasteur touche annuellement de 1800 fr à 2500 frs par an au cours du siècle
2 - Temple de Saint-Paul Lacoste
Ce fut un temple construit avec difficultés par et pour une population en très grande majorité protestante (en 1813 : 672 protestants sur 718 habitants, en 1833 : 700 protestants ) La construction d'un coût de 9900 fr, commence en 1829 : une souscription a réuni 6920 fr auxquels s'ajoutent 1000fr de subvention officielle. Mais dès 1830 les travaux sont suspendus pour un déficit de 1980 fr.
En 1832 la grosse maçonnerie est terminée ainsi que les autres ouvrages du devis dressé 8 ans auparavant par M. Renaux, architecte de la commune d'Alès mais il y a encore des frais annexes, la paroisse doit 2389 fr à l'entrepreneur pour les travaux déjà faits et le temple n'est toujours pas terminé.
En 1836 il n'a toujours pas de vitres, la toiture fuit et il reste encore 1000fr d'arriérés : les paroissiens demandentun secours de 3488 fr à l'Etat.
En 1840 St Paul doit encore 1000 fr et paye toujours les intérêts de cettesomme. On demande un secours de 800fr pour la toiture, les chenaux et les enduits. En 1841 une nouvelle souscription rapporte 287,5 fr et le Conseil presbytéral demande une aide gouvernementale de 3348 fr,25 (et les 1000fr ne sont toujours pas remboursés !).
En Juillet 1846 ii y a encore nécessité de réparations (payées par souscription de 400 fr + 400 fr à venir) mais les 1000fr n'ont toujours pas pu être remboursés.
Actuellement cet édifice a été cédé pour le franc symbolique en 1985 à la municipalité de St Paul, qui l'a été entièrement rénové, avec création d'une sallemunicipale au rez de chaussée et d'un lieu de culte au premier étage. Il fait l'objet d'un bail emphythéotique pour son utilisation comme lieu de culte
La grande période de l'immobilier cultuel (1840 à 1870 )
Avec l'aide des pouvoirs publics, qui complètent assez facilement l'effort financier des paroisses, les constructions vont se développer soit dans les lieux à fort développement protestant soit dans des lieux éloignés du centre alésien et difficiles àdesservir
1 - Temple de St Hilaire de Brethmas
Après avoir vainement réclamé l'usage d'une église désaffectée, unepremière souscription de 3000fr et une autre de 1037,35 fr vont permettre laconstruction d'un temple pour une population protestante très majoritaire (1813 : 515 protestants ; 1846 : 585) Il est mentionné en cours d'achèvement en 1842 et signalé comme terminé en Avril 1844
2 - Temple de Lamelouze
Le village est intégralement protestant (en 1813 il comporte 292 protestants sur 292 habitants). Dès 1829 le devis en est dressé (7749 fr) et une souscription rapporte 2000fr. Le projet définitif sera dressé par M. Auphan, architecte de la ville d'Alès et le temple sera construit sur un terrain acheté par la commune à M. Plantier. En Novembre 1844 les travaux se terminent et il est donné comme achevé en 1845 (Inventaire). Un première souscription avait rapporté 3765 fr ; deux autres
rapporteront 4565 fr puis 204 fr et l'Etat fournira 3500 fr . Il manquera finalemen 608,37 fr
3 - Temple de Saint-Christol lez Alès
Il est signalé comme terminé en 1850. En mars 1887 il a besoin de réparations à deux reprises (payées par la paroisse avec aliénation de deux titres de rente) A noter qu'en avril 1862 il y a le projet de construction d'un presbytère qui va révéler des dissensions avec la mairie (histoire de puits que le CP ne veut pas partager avec l'école) L'Etat accordera une subvention de 1000fr
4 - Temple de Mons
Signalé terminé en 1850. Inauguré en Mars 1849
5 - Temple de Méjannes
La demande de construction est officiellement faite le 28 Février 1839. En Avril 1846 il est en construction et signalé comme terminé en 1850. Mais déjà en Janvier 1855 il est cité comme impropre au culte et il faut le remettre en état. En 1865 il est cité comme fermé depuis un an par manque de solidité. Le maire fait la sourde oreille malgré l'intervention de l'autorité supérieure
6 - Temple de Malataverne (Cendras)
Il est construit en 1857, sans subvention gouvernementale et sur un terrain privé. Il appartient officiellement au sieur Alfred Plantier père, gros propriétaire de la région. Il est complété par l'achat (700fr) en 1868 de la chaire (construite en 1841) du temple d'Alès qui est alors en reconstruction.
En 1877 le temple a besoin de réparations urgentes et en 1878 et 1883 M. Alfred Plantier fils, son propriétaire, menace de le fermer si la municipalité nerenouvelle pas son bail de location
Le 30 Janvier 1893 : M. Vve Plantier Jalaguier héritière de son mari veut léguer à la paroisse le "temple qui fut jadis bâti sur son terrain par les soins de son mari, à l'aide des deniers recueillis par lui parmi les protestants de diverses localités " La donation, faite le 24 Novembre 1902 devant Maître Quiminal notaire restera sans effet (certainement pour un problème d'hypothéques au profit, en particulier, de "Charles Paul Henri Gide, professeur d'économie publique à Montpellier et de Paul Guillaume André Gide homme de lettres demeurant à Paris, 4 Bd Raspail"). Il sera finalement vendu officiellement à la paroisse pour la somme de 500 fr le 31 décembre 1912.
L'édifice, nécessitant de grosses réparations et inutilisé pour le culte, a été désaffecté et vendu à des particuliers le 8 Juin 2006 .
7 - Grand Temple d'Alès III
En Décembre 1850 le temple d'Alès (ex-chapelle des Pénitents blancs) est si exigu (1200 places dont 600 assises) qu'il a fallu établir 3 services le dimanche (8 h 10h et 15h).
Dans un premier temps le CP avait envisagé la construction d'un 2° temple et acheté en 1845 un terrain (18000fr) dans la rue d'Auvergne (= d'Avéjean) mais l'idée sera vite abandonnée et il est envisagé de reconstruire entièrement le temple avec un budget de 140.000 fr (anciens dons : 25000 - emplacement 20000 - souscription à lancer 30000 fr - subvention municipale 35000fr - gouvernementale
30.000).
Après de multiples péripéties (changements d'architectes, modifications
diverses) le temple (1800 à 2000 places ?) est finalement reconstruit sur le même
emplacement par l'architecte nîmois Revoil et inauguré le 3 Décembre 1868
8 - Temple de la Grand Combe.
En 1850 le culte est célébré dans une maison particulière (maison Gal à La Levade ) fournie par la Compagnie des Mines qui n'a pas d'argent pour faire construire un temple à cause de la " crise qui pèse depuis trois ans sur les affaires
industrielles". Le toit s'effondre le 16 Janvier 1851 ce qui la rend dangereuse mais réparations sont faites.
Finalement un temple sera construit à Trescol sur un terrain acquis et meublé par la Cie des Mines. Son Inauguration officielle a lieu le 19 Janvier 1868.
3 - L'équipement de Tamaris-Salindres St Jean du Pin après 1905
Ces secteurs dépendaient auparavant d'Alès (mais avec des pasteursenvoyés par la Société centrale d'évangélisation), jusqu'au moment où ils furent assez tardivement regroupés en une paroisse par décret du 24 juin 1879 Sur Tamaris un premier local pour le culte et l'école avait été construit sur un terrain acheté en 1878, au lieu dit le Mas Bouat à la Royale (ce bâtiment sera vendu comme école à la mairie d'Alès en 1932).
En ce qui concerne St Jean du Pin Le 18 Octobre 1881 le CP de Tamaris Salindres, dont dépend la commune, approuve la location pour le culte d'une ancienne magnanerie dans le hameau de Plos
1 - Temple de St Jean du Pin
En Novembre 1898 : le CP de Tamaris-Salindres demande une aide pour construire un temple à St Jean du Pin (coût 2000fr et souscription de 516 fr). En janvier 1901 la demande est rappelée au ministre et un terrain est acheté le 25
Novembre 1901. L'inauguration du temple a lieu en 1903
2 - Temple de Tamaris
Le 28 Janvier 1909 le CP de la paroisse de l'Eglise réformée évangélique deTamaris-Alais achète un terrain de 312 m2 quartier de la cité ouvrière, emplacement Villar. Le temple est construit la même année en 1909, évidemment sans aucune
subvention officielle
3 - Temple de Salindres
Le secteur de Salindres n'est pas un lieu à forte densité protestante. En Mars 1864 il y 24 familles protestantes et 23 employés protestants à l'usine ce qui peut expliquer que la mairie refuse d'accorder son autorisation pour célébrer le culte dans la maison Villard. En Août 1865 le préfet autorise le culte à Salindres mais le maire refuse à nouveau. Finalement un décret du 22 Juillet 1868, l'autorisera dans la maison du sieur Audoyer
Ensuite vers 1923 la Cie Péchiney met à disposition des protestants une salle de culte et d'école, avec logement de l'institutrice au-dessus.
Le projet d'un temple de 120 places avec sacristie est envisagé finalement sur un terrain acheté à Péchiney (architecte Devèze d'Uzès) pour un devis de 3.700.000 fr (la paroisse a fourni 1.840.000 fr ) et ce temple est inauguré le 6 Août 1957 par le pasteur Boegner.
4 - Situation en 2007
Depuis 1938 la paroisse Alès- Bassin Alésien Sud (ERF) gère les temples de Salindres, Tamaris, St Jean du Pin. Les autres temples : Branoux, Lamelouze , St Hilaire, Mons, Méjannes, St Christol, La Grand Combe dépendent de paroisses
de l'EPREF. Quant au temple d'Alès il a une gestion commune aux 2 paroisses réformées ERF et ERE d'Alès par l'intermédiaire d'une Comité d'Union.
Pierre Boissier
d'après les registres paroissiaux du Consistoire d'Alais )