Eglise Réformée de France
Alès - Bassin Alésien Sud

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Les 3 temples d'Alès

Historique des trois temples d'Alès

  La Réforme atteint Alès vers 1535 (elle est d'abord prêchée dans les églises, en particulier lors du Carême 1545 , d'autant plus facilement que beaucoup de nobles se rallient à la nouvelle foi, dont le baron de Cambis) 

  Après  1563 (Edit d'Amboise  qui marque la fin de la 1° guerre de religion et accorde aux protestants la liberté de conscience) ceux-ci réclament des lieux de culte. En Alès ce furent d'abord la maison consulaire (rue Soubeyrane)  puis l'hôpital St Antoin e (plus ou moins en ruines). Il faudra une maturation de 14 ans  pour que les protestants aient le désir d'un lieu de culte à la hauteur de leurs aspirations.

 LE PREMIER TEMPLE (1577-1685

  Il est construit en 6 mois en août 1577 sur l'emplacement de deux maisons appartenant aux Dominicains entre la rue de la Gougé et la rue Peyrolerie (à  l'emplacement du temple actuel)

  Nous avons assez peu de renseignements sur lui. C'était, dit-on, le plus beau temple de France : prévu pour 5 à 6000 fidèles avec 3 portes d'entrée ,15 fenêtres, une tour avec des cloches et au fronton l'inscription "Mes brebis oyent ma voix, je les connais, elles me suivent et je leur donne la vie éternelle ". Il sera même agrandi en 1602

1er Temple 16

Maquete du 1er temple d'Alès

  Il va servir une centaine d'années jusqu'au 25 septembre 1685 (arrêté de démolition du 18 Octobre 1685, un peu avant la révocation officielle de l'Edit de  Nantes) : cela va être l'anéantissement de la paroisse d'Alès et l'exil en Suisse pour ses  trois pasteurs (Coulan, Bouton père et Bouton fils.) L'espace libéré fut racheté par les dominicains et la confrérie des Pénitents à très bas prix,

  S'ensuit une période d'une centaine d'année d'existence hors la loi pour les protestants (c'est la période dite "du Désert"). Mais la répression va petit à petit s'affaiblir : par exemple en juillet 1758 un synode se déroulera à Alès. En 1781 un registre officiel des délibérations du consistoire d'Alais est ouvert qui mentionne un pasteur, Jean-Pierre Roche et un conseil d'une quinzaine d'anciens et cela 6 ans avant l'édit de Tolérance de 1787 de Louis XVI (qui accorde l'état civil aux protestants).

  En 1789 enfin arrive la révolution française qui apporte dans un premier temps  la liberté de conscience et la "nationalisation" des biens de l'église catholique

 LE DEUXIEME TEMPLE 1792-1864

  C'est l'occasion rêvée car  la chapelle construite (en 1707) sur l'emplacement de l'ancien  temple par les Pénitents blanc s est à la vente : 1400 places, dont 600 assises, avec maison attenante et une "basse-cour" . Une vente aux enchères (à la bougie, avec trois feux plus un "surrabondant ") permet au sieur Jean Antoine Teissier d'acheter le tout pour 7088 livres, 3 sols, 4 deniers au nom des "non-catholiques connus sous la dénomination de  protestants " (14 décembre 1792). Les protestants d'"Alais" ont donc leur lieu de culte mais pas pour longtemps. 

Maquette de la chapelle 2ème temple

        Pendant le période de la Terreur le nouveau temple va devenir lieu de réunion pour une assemblée populaire, puis atelier de bâts pour l'armée. Le tout est en piteux état lors de la chute de Robespierre en 1794, qui va permettre de tout remettre en place

  Il faudra cependant encore attendre quelques années et l'arrivée au pouvoir de Napoléon Bonaparte Premier  consul  et ses lois organiques du 18 Germinal an 10 (8 avril 1802)  qui règlementent les cultes en France. C'est le moment de la création officielle du consistoire d'Alais  qui regroupe les protestants d'Alès et des villages environnants (d'autres consistoires seront créés : Vézenobres, Saint-Ambroix, Anduze ) 

 Devenir du temple

Construit en 1707, il a peu de contenance (1400 places pour 3800 alésiens + ceux des villages environnants qui n'ont pas de temples). On est obligé d'organiser 3 cultes le dimanche, il manque les vitres .. et les ressources sont maigres malgré les quêtes - C'est à cette époque que le consistoire décide de louer les chaises dans le temple. Cela va permettre des réparations et en particulier les vitres, ainsi que la construction d'une tribune. Mais le délabrement du temple va être source de tracas continuels et en 1829 (37 ans après l'achat), son état est alarmant (la façade en particulier menace de s'écrouler).

 Idée d'un  temple supplémentaire (1834-1848)

  En Octobre 1834 au cours d'une séance du consistoire est présentée l'idée de construire un second temple. Une souscription est aussi lancée. Mais pendant 11 ans rien ne se fera  sinon des réparations à l'ancien.

  E n 1845 l'affaire est relancée avec l'achat (18.000 fr) du jardin de la veuve Michel, rue d'Auvergne (en haut de la rue d'Avéjean) "le plus beau quartier de la ville

  Après un concours d'architectes qui ne donne rien, la conception des plans est donc confiée à l'architecte alésien Auphan (avec ordre de s'inspirer des temples de Quissac et Monoblet, ce dernier étant circulaire). Mais le préfet signale alors il faut passer obligatoirement par l'architecte départemental M. Dhombres de Nîmes : celui-ci, vu qu'il manque 3 à 4 mètres lance l'idée d'un temple édifice semi-circulaire,  mais traîne pour les plans. Survient alors la révolution de 1848,  avec l'arrivée au pouvoir de Napoléon III, retardant le projet,  qui sera finalement abandonné sans qu'on sache exactement pourquoi (question d'argent ?)

C - LE TROISIEME TEMPLE (1868 à nos jours)

Six ans plus tard, en 1854, la question revient à l'ordre du jour avec l'idée de reconstruction pure et simple du temple ancien. Mais cela ne va pas être facile.

Problème d'architectes .

            AUPHAN  d'Alès est contacté puis se désiste (il veut 5% de rémunération au lieu de 3,5% offerts par le conseil presbytéral). En Mars 1856 le projet proposé à FEUCHERES, de Nîmes, , mais son devis n'est pas accepté. Hélas il meurt brutalement (et sa veuve intentera  un procès en 1858 au conseil). En 1857 un certain GROS  propose de faire les plans gratuitement mais il est récusé par la municipalité (c'est un débutant) .

            En 1858 on fait finalement appel à REVOIL  de NÎmes pour un édifice de 1700 places pour 140.000fr). Mais il faut attendre encore 12 mois  (8 juillet 1861), après des modifications demandées par le maire et le ministre, pour que les plans Revoil soient validés par l'administration.

 Les conflits de l'année 1862

  L'année 1862 est une année de conflit entre les dirigeants de l'Eglise qui se déchirent (rivalité Bonnefon-Albaric pour la succession du pasteur Dubois) :  il y a une série de démissions au sein du conseil presbytéral d'Alès et de l'assemblée du consistoire à propos de la nomination d'un nouveau pasteur, laquelle exacerbe les clivages  entre les orthodoxes et les libéraux.

  En août 1863 finalement on cède à la mairie (le maire est M.Duclos-Monteils) les terrains pour la construction du temple

 Location d'un local de culte provisoire

  En juin 1864 le conseil va louer un local pour assurer les cultes pendant la reconstruction: pour 1000f (de moitié avec la municipalité) on loue la remise de la veuve Salagé place Florian (mais les magasins ferment la nuit donc il n'y aura pas de culte le soir, et il faudra construire un deuxième escalier et une tribune), ainsi que  pour 300fr la maison Gascuel où se tiendront  les réunions du Conseil

 Premiers travaux

Temple

La démolition commence en 1864  et les complications vont s'additionner

  -  difficultés de la municipalité pour l'expropriation de maisons autour du temple

  - erreur du géomètre : le temple prévu est trop large de 4m, et trop long, par ailleurs, de 1m60. On modifie donc les plans  en conséquence et il faut raccourcir la sacristie.

            - réclamation des habitants de la rue Peyrolerie car le temple empiète sur la rue et les contreforts prévus sont nuisibles à la propreté publique, ce que le conseil n'admet pas (20 Septembre 1864) . Ensuite les voisins réclament une rue de 6 m de largeur (soit 1m à céder sur l'emplacement du temple) en novembre 1864. 

  Enfin en décembre 1864 le préfet signale que le temple va empiéter sur la largeur de la rue Peyrolerie de 18 cm. Heureusement en Mars 1865, cela s'arrangera  avec l'achat de la maison Mathieu (pour 9000fr) et, les plans une nouvelle fois modifiés, les travaux peuvent reprendre. En Février 1867 les locaux accessoires sont signalés comme presque terminés

Fin de la construction  

Dans les mois qui suivent on  va terminer la construction et installer l'éclairage au gaz et les vitraux. Les vieilles orgues sont remontées dans le choeur et une  chaire neuve est mise en place (l'ancienne est vendue 700 fr pour le  temple de Malataverne)

Inauguration solennell e

  Elle se fera en grande pompe (sous la pluie)  le 3 décembre 1868.  Ainsi ce temple dont les plans d'origine dataient de 1861 ( 7 ans auparavant) et dont la paroisse avait assuré plus de la moitié du financement était en service.  Les paroissiens d'Alès avaient un temple digne de leurs efforts. Il ne manquait qu'une seule fourniture : le chauffage  qui sera installé avec un calorifère de la maison Gurney.

      Pierre Boissier  (2009)

(D'après les registres paroissiaux de la Maison du Protestantisme d'Alès et un article du pasteur Raoul Lhermet dans le numéro de septembre 1953 du bulletin  paroissial "Le  Lien Fraternel")