Conférence St Paul
17 août 20:30 - 17 août 22:00
Guerric Meylan - Maître de conférences en histoire du droit et des institutions
Université Paris-Sud – Paris-Saclay
Faculté Jean Monnet
Centre Droit & Sociétés Religieuses.
Saint – Paul La Coste, vendredi 17 août 2018, 20.30 : Calvin et le bien commun .
Synopsis . Iohanes Calvinus, né Jean Cauvin en 1509 à Noyon, vint à la connaissance de l’Europe grâce à l’Institution de la Religion chrétienne . Il s’est distingué ensuite sur l’échiquier politique dans sa correspondance avec les puissants, trouvant l’occasion tantôt d’exercer son influence, tantôt de s’attirer les faveurs des gouvernants. La duchesse de Ferrare, les rois de France et de Navarre, le Lord Protecteur Edward Seymour en Angleterre, tous sont devenus épistolairement familiers de l’intransigeance du maître picard. À Genève, Jean Calvin ne fut pas seulement théologien et humaniste. Il nourrit également une expérience institutionnelle à la demande des autorités de la ville. Il lui fallut y organiser la réforme pour que tous pussent vivre selon la « sainte loi évangélique et parole de Dieu ». Ses Ordonnances ecclésiastiques bien que méconnues, furent, à ce titre, aussi importantes au moins que l’Institution . Elles permirent d’instaurer dans Genève une éthique de la responsabilité, de constitutionnaliser l’exigence en l’imposant aux patriciens comme aux plus modestes des résidents de la Cité du Léman.
Depuis le concile du Vatican ii, l’Église catholique définit le bien commun comme « l’ensemble des conditions sociales qui permettent, tant aux groupes qu’à chacun de leurs membres, d’atteindre leur perfection d’une façon totale et plus aisée ». Selon cette perspective romaine, la notion implique une réciprocité de service entre les personnes et les collectifs dans lesquels elles s’inscrivent. La présidence française à son tour s’est emparée du bien commun lors du Forum économique mondial de Davos, puis à l’occasion d’un sommet élyséen réuni à l’intention des géants du numérique (Tech for Good – 23 mai 2018).
La présente conférence tentera de définir les contours d’une « éthique sociale » (pape François, Encyclique laudato si’ , n° 156) de type calvinienne, telle qu’elle a pu se manifester au sein du premier Refuge genevois lorsque les réformateurs se sont emparés des conditions juridiques du vivre ensemble. Elle établira que le bien commun de Jean Calvin, celui des humanistes et des précurseurs de la modernité démocratique, peut encore fournir une clé d’interprétation. Elle rappellera que s’en remettre au bien commun n’implique pas seulement d’espérer un regain de solidarité, mais aussi d’exiger une pleine adhésion des dominants aux règles qui gouvernent le bien-être de tous.