Eglise Réformée de France
Alès - Bassin Alésien Sud

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L'Eglise d'Alais de 1781 à 1906

Les étapes de l'organisation de l'Eglise d'Alès

de 1781 à 1906

(d'après les registres paroissiaux)

Bien avant la signature de l'Edit de Tolérance (1787) le culte protestant avait repris semi-officiellement  et nous possédons un registre de "Consistoire" particulier  d'Alais qui commence le 21 Avril 1781 et qui traite des années 1781 à 1783, 1792,  avant de reprendre en  Janvier 1805. 

I - Organisation pendant les années 1781  à 1796

   a) Organisation du "Consistoire" d'Alès en 1781

1 groupe d'anciens  : (une quinzaine de signatures au procès verbal  des réunions : Francezon, Durand, Cabanis, Aubrespin, Plantier, Reynier, Jacques Fornier, Larguier, Bruguier, Dalverny, Laporte, André, Fraissinet Giber, Bonnal, Gardies, Roche Pasteur, Borne ). On apprend aussi qu'une "assemblée de notables"  a été réunie chez "un ami de la Prairie" pour approuver  une prime en argent  au pasteur Roche.

1 pasteur : Jean Pierre Roche (consacré en 1759 et pasteur à Alès depuis 1766 jusqu'à sa mort à 78 ans le 31/12/1813)

1 synode provincial  annuel (ceux des Basses Cévennes en 1781 et 1782 ont dû avoir lieu à Alès puisque le registre en contient les comptes rendus). Le synode, semble-t-il, gère la consécration de pasteurs, le règlement de litiges divers entre paroissiens et pasteurs pour des salaires non payés ou des libelles, et même menace de "suspendre de la communion les ingrats et les rebelles"  de l'Hermet de Grizac en Lozère (peut-on parler d'excommunication ?)

  Parmi les premières décisions  inscrites sur les registres d'Alès on relève:

•  la création de registres  (2 registres : mariages et baptêmes et 1 registre (hélas perdu !) pour les actes effectués par les différents pasteurs antérieurs "à M. Latour  ")

• une préparation à la communion , organisée par le pasteur Roche "pour toutes le personnes qui désirent y être admises " mais avec examen deux semaines avant.

• une activité diaconale  assez importante (les temps semblent difficiles) : par exemple distribution de blé, huile, sel, couvertures, étoffes : 1433 livres en 1981 et 1172 livres en 1782 (à comparer avec le  salaire du pasteur, par ailleurs jugé insuffisant, vu le nombre de ses enfants : 1200 livres)

   b - Année 1792, année de l'achat du temple 

Contexte historique :  

-Loi du 18 Août 1792 qui supprime les congrégations séculières, et la chapelle des Pénitents blancs construite sur l'emplacement de l'ancien temple d'Alès, devient bien national.

- Loi du 2 septembre qui abolit la royauté.

- Election le 13 Décembre de Sugier père comme maire d'Alès

 Le 14 Décembre 1792,  au cours d'une vente à la chandelle, le citoyen Teissier, négociant, rachète (pour 7090 livres 3 sols et 4 deniers) la chapelle des Pénitents blancs qu’il fait passer en nom collectif en faveur des non catholiques connus sous  la dénomination de Protestant pour y exercer leur culte religieux. Les protestants d'Alès et de sa région ont de nouveau un lieu de culte officiel

- Rétablissement officiel du culte protestant le 6 Janvier  1793 , avec une grande affluence, la municipalité, la directoire et le tribunal

   c - Période troublée de 1793 à 1796 (d'après "Alès au fil du temps et des hommes"  de Jean Médard)

  Il est à noter qu'aucune mention de ces événements n'est reportée sur les registres paroissiaux qui ne sont plus remplis.

II - LOIS ORGANIQUES du 18 Germinal an X  (8 Avril 1802)

Le gouvernement légifère et établit des règles précises en ce qui concerne l'exercice des différents cultes

XV - Les églises réformées de France auront des pasteurs, des consistoires locaux et des synodes.

XVI - Il y aura une église consistoriale par six mille âmes de la même communion.

XVII - Cinq églises consistoriales formeront l'arrondissement d'un synode.

XVIII - Le consistoire de chaque église sera composé du pasteur ou des pasteurs desservant cette église, et d'anciens ou notables laïques, choisis parmi les citoyens les plus imposés au rôle des contributions directes : le nombre de ces notables ne pourra être au-dessous de six ni au-dessus de douze.

XXIII - Tous les deux ans, les anciens du consistoire seront renouvelés par moitié : à cette époque, les anciens en exercice s'adjoindront un nombre égal de citoyens protestants, chefs de famille et choisis parmi les plus imposés au rôle des contributions directes de la commune où l'église consistoriale sera située, pour procéder au renouvellement. Les anciens sortants pourront être réélus.

XXIV - Dans les églises où il n'y a point de consistoire actuel, il en sera formé un. Tous les membres seront élus par la réunion des vingt-cinq chefs de famille protestants les plus imposés au rôle des contributions directes : cette réunion n'aura lieu qu'avec l'autorisation et en la présence du préfet ou du sous-préfet

Tout est soumis à l'autorisation du gouvernement : choix et nomination  des pasteurs, qui doivent avoir étudié à Genève, approbation de l'élection des anciens etc... En échange le gouvernement assure le salaire des pasteurs et subventionne les édifices religieux.

 III -  Organisation de l'Eglise d'Alais à partie de 1802 (Consulat )

Alès va devenir le chef lieu d'une Eglise consistoriale, de création purement administrative

   a)  Le territoire

1° section  : communes de Alès (chef-lieu), Cendras, St Christol, St Hilaire,  Méjannes,  Mons, St Paul, Les Pins (St Jean du Pin) avec deux pasteurs en résidence à Alès, dont un pour la campagne

2° section  : St Martin, St Alban, St Andéol, St Julien de Valgalgues, Blannaves (Branoux), Lamelouze,  Laval,  Masdieu, Les Plans, St Privat, Servas, Soustelle,

Le groupe des Eglises consistoriales d'Alès, de Vézenobres, de St Ambroix , de  St Jean du Gard et d'Anduze va constituer l'arrondissement  synodal

Un nouveau registre  (dit du  Consistoire général d'Alais ) est ouvert en date du huit floreal an 11 de la République française (28/4/1803 ) :

   b) Organisation de l'Eglise consistoriale d'Alais

12 "Anciens"  (8 pour les commune d'Alès et 1 pour chacune des communes de St Paul Lacoste, St Hilaire de Brethmas, Blannaves (Branoux), St Christol lez Alès avec comme président le pasteur le plus ancien (JP Roche). Ils sont tous de bonne vie et mœurs et élus par les 25 chefs de famille protestants les plus imposés au rôle des Contributions directes .

3 pasteurs  sont accordés : Jean Pierre Roche , pasteur du chef-lieu  et Scipion Gabriac  pasteur pour les autres communes, sous couvert de l'autorisation du premier consul. Le 3° pasteur, M. Chazotte,  sera nommé en Avril 1806 (cf : discussion sur le répartition des taches entre Gaillard et Gabriac, considéré comme pasteur des communes rurales : "A l’époque de l’organisation des Cultes, le Gouvernement accorda trois pasteurs à notre Eglise Consistoriale. Par délibération du 11 Floréal an XI (1er  mai 1803) deux Pasteurs seulement furent nommés. M. Roche et moi (Gabriac); le troisième Pasteur resta à élire. Par décret du 25 Thermidor de la même année, je fus confirmé Pasteur de l’Eglise d’Alais avec mon collègue M. Roche qui, vû son âge avancé et ses infirmités fut chargé de la prédication à Alais pendant deux Dimanches consécutifs. Le troisième Dimanche il officiait dans la commune de St Christol et je le remplaçais dans la chaire de la ville, tandis que les deux autres dimanches je portais mon ministère ou à Branoux ou à St Paul Lacoste ou à St Hilaire. Cet ordre de service fut suivi jusqu’en 1807 où M. Chazotte fut nommé pour occuper la troisième place vacante. Considérant alors que, vû l’état habituel de maladie de M. Roche joint à son âge avancé qui ne lui permettait pas d’espérer que ce digne Pasteur pût de long-temps remplir les fonctions de son ministère, il importait de régler provisoirement le service de manière que chaque Commune de l’arrondissement Consistorial eût le plus de prédications qu’il serait possible et qu’il convenait de désigner un pasteur pour desservir telle ou telle commune, le Consistoire désigna M. Chazotte pour desservir la ville où il prêcherait deux dimanches consécutifs. Le troisième Dimanche il officiait dans la section de Blannaves et je le remplaçais à la ville, tandis que les deux autres dimanches, j’officiais ou à Saint Paul Lacoste, ou à Saint- Hilaire ou à Saint-Christol. Ce nouvel ordre de service provisoire a été suivi jusqu’en 1814 après la mort de M. Roche. Depuis lors, sans cesser entièrement de faire des prédications dans la ville et d’y remplir les fonctions pastorales, j’ai continué d’exercer mon ministère dans les Communes rurales, d’après le désir du Consistoire, qui appréciait le zèle avec lequel je remplissais mes fonctions publiques et particulières, soit le Dimanche, soit les jours de semaine. (séance du 26 Novembre 1838)

Un 4ème  pasteur  (M. Dussaut ) sera accordé en Octobre 1810,  chargé de la 2° circonscription dite de Lamelouze et un 5ème pasteur  sera nommé en 1852 pour le secteur de La Grand Combe.

Diacres  : St Paul 5 - Cendras 1 - Soustelle 1 - Blannaves 1 - St Christol 8 - St Jean du Pin 3 - St Hilaire 4 - Méjeannes 2 - Alès 8 

Edifices cultuels  : le temple d'Alès  (acheté en 1792) et un édifice de culte accordé : l'église de Lamelouze  (mais qui ne semble pas avoir été utilisée).  Le 1° germinal en 11 (23 Mars 1805 ) le Consistoire demandera l'usage des églises de St Hilaire et St Paul Lacoste  (ce qui ne semble pas avoir été accordé). En 1809 il existe 9 chaires religieuses sur les 2 sections de l'arrondissement consistorial

La ville d'Alès (chef-lieu du Consistoire) est aussi, au début, le lieu de résidence des pasteurs, avec son conseil d'anciens et le registre dit du "Consistoire particulier" continue à être rempli  avec des interruptions  (de 1810 à 1812 puis de  1814 à 1820) Peu à peu des  centres d'activité vont se créer autour d'Alès et accueillir des pasteurs en résidence  : St Paul Lacoste, Blannaves par exemple.

IV - La réorganisation de 1852 (2° Empire)

Le décret du 26 mars 1852 et l'arrêté du 10 septembre 1852 réorganisent l'ancienne Eglise Consistoriale d'Alais 

   a) Création de  paroisses indépendantes  les unes des autres :

- au début elles sont 5 : Alès (chef-lieu), St Paul Lacoste, Blannaves/Branoux, St Hilaire de Brethmas et La Grand Combe ( avec 6 pasteurs en exercice ). Plus tard seront créées 3 autres paroisses : St Christol (22 Février 1858), Cendras-Malataverne (19 Mai 1869) et Tamaris-Salindres  (4 Juin 1879)

   b)  création de  conseils presbytéraux,

Elus au suffrage universel pour 6 ans et renouvelables par moitié tous les 3 ans (7 conseillers pour Alès et 5 dans chacune des autres paroisses). Création d'un registre d'électeurs (qui doivent avoir 30 ans révolus)

1° Les électeurs ne seront inscrits que sur leur demande personnelle.

2° Pour être inscrit, l’électeur devra justifier  qu’il a fait sa première communion et, s’il est marié, qu’il a reçu au temple la bénédiction nuptiale. Quant aux autres conditions religieuses un des membres de la Commission lui lira l’avertissement suivant :

“ Le seul fait de votre inscription sur le registre paroissial vous engage à participer désormais aux exercices et aux obligations du culte. Nous laissons votre conscience seule juge de la manière dont vous vous y conformerez

Le CP administre la paroisse (personnel : diacres, lecteurs, chantres, concierge etc..).

   c) création d'une assemblée du  Consistoire

Elle est  composée de 25 membres : Alès (3 pasteurs + les 7 Conseillers  d'Alès + 3 représentants élus) - les autres paroisses  avec 1 pasteur + 1 conseiller +1 représentant élu, sauf la Grand Combe qui n'a pas de pasteur au début) . Le Consistoire donne son avis sur  les demandes de subventions, les comptes des paroisses, les vocations  aux pasteurs,  avant de les soumettre  à l'approbation du ministre qui nomme et rétribue les pasteurs (les municipalités se chargent des indemnités de logement des pasteurs).

   d) autres assemblées

- Conseil Central des Eglises réformées de France  à Paris pour les questions d'intérêt général à traiter avec le Gouvernement (par exemple les nominations de professeurs de Facultés ).

- les synodes  vont se tenir mais de façon irrégulière et surtout de manière officieuse (sauf celui de 1872) et leurs conclusions sont d'application facultative

V / La séparation des Eglises et de l'Etat de 1905 :

   L'Etat se désengage et laisse la liberté d'organisation aux paroisses qui vont retrouver une autonomie financière complète et  le régime presbytérien synodal des origines. C'est le système qui est en vigueur de nos jours. Il se crée des associations cultuelles aux statuts déposés en préfecture dirigées par un  conseil presbytéral , élu par les membres d'Eglise et directement responsable de la vie spirituelle et matérielle de la communauté. Il nomme et révoque le(s) pasteur(s), participe aux frais communs définis par les synodes. Un  synode régional annue l, assure la liaison entre les CP d'une région et le synode national  (tous ses membres à voix délibérative sont élus par les conseils presbytéraux en leur sein ). Enfin le  Synode national annuel  est responsable de la confession de foi et de l'organisation générale (la Discipline), de la formation, du recrutement et du salaire des ministres, des relations avec les Églises étrangères, etc..

   Cette nouvelle organisation et l'influence de dissensions théologico-ecclésiales déjà anciennes au sein de l'Eglise réformés vont se traduire à Alès par la création en 1906 de deux associations cultuelles concurrentes:  l'Eglise Réformée  et l'Eglise Réformée Evangélique en 1906

                       P. Boissier